- BALTES (PAYS)
- BALTES (PAYS)Nées au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, Républiques à nouveau indépendantes, ont vu leur histoire respective intimement liée dès le XVIIIe siècle, lorsqu’elles sont devenues provinces de l’Empire russe.Grand-duché indépendant, puis dominé par la Pologne, la Lituanie est le seul des trois pays à avoir réellement existé auparavant en tant qu’État. Sa façade maritime, située entre la Lettonie et l’enclave russe de Kaliningrad, est la plus étroite de celles des pays riverains de la mer Baltique.La Lettonie a, quant à elle, davantage subi l’influence allemande du fait de la conquête d’une partie de son territoire par l’ordre Teutonique. Sa façade maritime, sa tradition hanséatique lui confèrent un rôle entre Est et Ouest. Pour sa part, l’Estonie a aussi été marquée l’influence allemande, mais également par les conquêtes danoises et suédoises. Elle est aujourd’hui un pays nord-européen. Sa capitale, Tallinn, n’est séparée d’Helsinki que par le golfe de Finlande et se trouve être la capitale la plus proche de Stockholm.1. Géographie des pays BaltesLes régionsDu fait des glaciations, le sol de la région que l’on nomme aujourd’hui pays Baltes est fait de moraines, qui ont donné naissance à un paysage de collines, à de nombreux lacs, marécages et rivières. Le point culminant de la région se situe à Suur Munamägi, au sud de l’Estonie, à 318 m d’altitude. Le climat y est tempéré, la végétation provenant des sols acides et humides est faite essentiellement d’herbes et de forêts. À l’exception de celle du nord de l’Estonie, les côtes baltes sont sablonneuses.Le territoire estonien (42 215 km2) est divisé en trois régions: le nord, au sol calcaire et peu fertile, où se situe Tallinn, la capitale; le sud, plus agricole où se trouve Tartu, la deuxième ville et l’université du pays; enfin, l’ouest et ses îles, dont les deux plus grandes sont Saaremaa et Hiiumaa.Le territoire letton (64 589 km2) comprend quatre régions: au Nord, la région de Vidzeme, où est située Riga, la capitale; à l’ouest, celle de Kurzeme (Courlande); au sud, celle de Zemgalie, et au sud-est celle de Latgale. La Daugava (Dvina occidentale), principal fleuve de la région balte, prend sa source à l’ouest de Moscou et traverse la Lettonie jusqu’à son embouchure, où a été établi le port de Riga.Le territoire lituanien (65 197 km2) est découpé en quatre régions selon les dialectes: Zemaitija (Samogitie) au nord, Aukstautija au centre, Suvalkija au sud-est et Dzukija au sud. De 1920 à 1939, la Lituanie fut amputée de la région de Vilnius, annexée par la Pologne. Le principal fleuve lituanien est le Nemunas (Niémen).Les ressourcesLa Lituanie est le plus agricole des trois pays, qui cultivent essentiellement des pommes de terre, du seigle, du lin, des céréales et de la betterave à sucre, et élèvent bovins et porcins. Ces terres ne sont pas des plus fertiles; néanmoins, la productivité y a été meilleure qu’ailleurs en U.R.S.S. pendant les années d’occupation soviétique. Les réformes agraires du début des années 1920 ont permis l’accession des petits agriculteurs aux terres, mais l’agriculture a été collectivisée à la fin des années 1940. Ce secteur a été largement privatisé depuis que ces trois pays sont à nouveau indépendants, mais, ayant perdu des débouchés à l’Est et n’en ayant pas encore gagné suffisamment à l’Ouest, il traverse une difficile phase d’adaptation.La région balte est pauvre en ressources naturelles stratégiques. Cependant, l’Estonie produit au nord-est des schistes bitumineux et de la tourbe, qui lui ont permis de développer son industrie chimique – en contrepartie d’une forte pollution – et de subvenir à une partie de ses besoins en électricité. Certains de ses gisements de phosphate restent inexploités pour des raisons écologiques. La Lituanie et la Lettonie, productrices de tourbe et de dolomite, se disputaient encore, au printemps de 1997, un gisement de pétrole inexploité situé en mer Baltique, à la limite de leurs eaux territoriales.Les trois pays ont été pendant longtemps tributaires des approvisionnements en matières énergétiques provenant d’U.R.S.S. par gazoducs et oléoducs. Depuis leur indépendance, ils ont diversifié leurs approvisionnements et font appel à l’Occident. Ils sont dotés de centrales hydrauliques installées sur les principaux fleuves, de centrales thermiques – au nord-est de l’Estonie, par exemple – et, en Lituanie, de la centrale nucléaire d’Ignalina et de la raffinerie de Mazeikiai.Le principal atout des pays Baltes est leur façade maritime. Les ports sont accessibles même en hiver malgré les glaces. Ce sont des ports de pêche, mais leurs terminaux céréaliers et pétroliers leur confèrent aussi une fonction commerciale et industrielle. La capacité portuaire de Tallinn a été renforcée par celle de Muuga, port en eau profonde tout proche, dans le but de concurrencer celui de Saint-Pétersbourg. Après avoir été au XIXe siècle la quatrième ville industrielle de l’Empire russe, Riga a été l’un des ports les plus modernes de l’ex-U.R.S.S. Il demeure aujourd’hui le port le plus important des trois pays, l’essentiel du trafic s’effectuant avec la Russie. Un peu plus à l’ouest, toujours en Lettonie, les ports de Ventspils, à l’embouchure de la Venta, et de Liepaja reçoivent respectivement l’oléoduc et le gazoduc provenant de Russie.Le port de Klaipéda, lituanien depuis 1923 (Memel en allemand), s’est spécialisé dans l’exportation de minerai. En fait, la Lituanie tourne le dos à la mer. Son développement est davantage continental.Les industries de transformation (machines-outils en Lituanie, sidérurgie et chantiers navals en Lettonie ou encore production mécanique, électrique, textile (lin), bois et cuir) développées pendant l’occupation soviétique sont, depuis le début des années 1990, en pleine restructuration en raison des privatisations et de l’explosion du tertiaire, qui prend le pas sur les autres secteurs économiques. Dès 1996, le commerce des pays Baltes avec la Finlande, la Suède et le Danemark, a amené la part du commerce balte avec l’Union européenne à 50 p. 100.La populationLes Estoniens sont finno-ougriens, tandis que les Lettons et les Lituaniens forment la branche balte du groupe indo-européen. C’est par extension que l’on a donné le nom de baltes aux trois peuples.Essentiellement concentrée autour des capitales, la population des pays Baltes diminue en raison d’un faible taux de natalité autochtone, accompagné d’une mortalité relativement élevée, et, depuis 1990, d’une quasi-interruption du flux migratoire qui provenait de Russie depuis 1940.Parallèlement aux déportations et aux exils suscités par l’annexion soviétique en 1940, l’Estonie, la Lettonie et, dans une moindre mesure, la Lituanie ont accueilli, au fur et à mesure de la soviétisation, des populations venues des autres républiques de l’U.R.S.S. et surtout de Russie. En 1922, les Estoniens représentaient 90 p. 100 de la population d’Estonie, et ils n’étaient plus que 61,5 p. 100 en 1989; les Lettons représentaient 73,5 p. 100 de la population de Lettonie en 1925, contre 52 p. 100 en 1989. Les Lituaniens, avec 80,6 p. 100 de la population de Lituanie en 1925 ont vu quant à eux cette proportion rester stable.La grande majorité des croyants estoniens et lettons est protestante de confession luthérienne tandis que la plupart des Lituaniens sont catholiques. Les Russes, installés depuis des siècles ou plus récemment dans les pays Baltes, sont pour la plupart orthodoxes.2. Histoire des pays BaltesLes originesVers 3000 avant J.-C., des peuples de la famille linguistique finno-ougrienne se déplacèrent du sud de l’Oural vers la Baltique. Parmi eux, les Finnois s’établirent au nord et les Estes au sud du golfe de Finlande tandis que les Lives s’installèrent sur les rives du golfe de Riga et dans les terres au nord de la Daugava.Ensuite, à la fin du IIIe millénaire avant J.-C., des tribus indo-européennes arrivèrent du sud du continent pour s’installer sur les territoires aujourd’hui lituanien et letton. Les Lettes se fixèrent en Latgale et Zemgale, les Coures en Courlande (Kurzeme), tandis que les Lituaniens et Samogitiens étaient implantés plus au Sud. Ce n’est qu’au VIIe siècle après J.-C. que leurs langues se différencièrent.Les premières dominations: de la fondation de Riga à la Grande LivonieÀ partir du VIIIe siècle après J.-C., les Baltes entretinrent des relations tantôt commerciales tantôt conflictuelles avec les Vikings scandinaves. Ils développèrent également de nombreux contacts commerciaux avec les Slaves. Le prince Jaroslav de Kiev fit construire la forteresse Youriev en 1030 à Tartu, deuxième ville de l’Estonie actuelle. C’est en son honneur que Tartu fut rebaptisée Youriev, au moment de la russification du pays à la fin du XIXe siècle.Dès le début du XIIIe siècle, les Baltes, les Lives et les Estes, tous païens, affrontèrent les croisades de l’ordre des chevaliers Porte-Glaive (créé en 1202) qui avait pour mission de les convertir au christianisme. Après la création, en 1186, par le chanoine augustinien allemand Meinhard, d’un évêché dépendant de Brême l’appel à la croisade du pape Innocent III et la fondation de Riga en 1201, par l’évêque Albert de Buxhövden qui y fit venir des marchands allemands, l’ordre s’établit en Livonie, pays des Lives, comprenant le sud de l’Estonie et le nord de la Lettonie actuelles. Puis, plus au nord, il avança en 1208 jusqu’à l’Estlandie, nom donné au pays des Estes, qui ne s’étendait alors que sur le nord de l’Estonie actuelle.Pour s’y maintenir, l’ordre dut se battre contre les Russes et les Danois, qui avaient des visées sur ces rives de la Baltique: les Danois de Valdemar II réussirent à dominer l’Estlandie. En 1219, ils y établirent Tallinn – qui signifie «ville danoise» en estonien – à l’emplacement de Lindanise. Mais, en 1230, ils furent battus en Livonie par les chevaliers Porte-Glaive qui, après avoir fusionné avec les chevaliers Teutoniques en 1236, instaurèrent l’ordre de Livonie, sur la base de leur branche livonienne. Un système féodal dominé par la noblesse et les grands propriétaires terriens d’origine allemande, prévalait alors dans les campagnes, tandis que les marchands allemands dominaient les villes. Riga fut associée à la Hanse en 1280.En 1242, l’ordre se heurta un peu plus au nord, dans la région du lac Peipsi (Peipous), aux troupes russes d’Alexandre Nevski. Mais, en 1346, profitant d’une rébellion en Estlandie, il gagna du terrain jusqu’à Tallinn (Reval en allemand), que les Danois avaient faite ville hanséatique. La Livonie, ainsi étendue à l’Estlandie, devint la Grande Livonie.Le grand-duché de LituanieParallèlement, plus au sud et face à la menace teutonique, Lituaniens et Samogitiens fondèrent le grand-duché de Lituanie. Mindaugas, grand-duc de 1239 à 1263, repoussa l’ordre Teutonique en 1239, mais accepta le baptême en 1252 pour éviter une nouvelle croisade. Il abjura cependant sa foi en 1262 et étendit son territoire en prenant sous sa protection des régions slaves jusqu’alors sous tutelle mongole. Gediminas, qui régna de 1316 à 1341, accepta le baptême en 1321. En 1322, il fit de Vilnius la capitale du grand-duché, qui continua de s’étendre à l’est et au sud sous le règne de ses fils, Algirdas à Vilnius et Kestutis à Kaunas. La christianisation du pays ne fut pas réalisée par l’ordre Teutonique. C’est au contraire pour s’en défendre, après l’attaque de Vilnius en 1377, que le grand-duc Jagellon (Jogaila), fils de Kestutis, s’allia à la Pologne par son mariage avec Hedwige en 1385. Jagellon devint ainsi roi de Pologne (1386-1434) sous le nom de Ladislas-Jagellon, et, à compter de 1392, laissa le grand-duché de Lituanie à son cousin Vytautas – fils d’Algirdas – qui régna jusqu’en 1430. En 1410, à Grunwald-Tannenberg, ils vainquirent tous deux l’ordre Teutonique. Bien que celui-ci se maintînt dans la région de Klaipéda, réduisant d’autant la fenêtre lituanienne sur la Baltique, le grand-duché que Vytautas avait étendu jusqu’à la mer Noire connut alors son apogée.La guerre de Livonie et l’Union de LublinEn 1481, le grand-prince de Moscou, Ivan III, après avoir envahi une partie de la Grande Livonie, fit construire la forteresse d’Ivangorod, en face de Narva (nord-est de l’Estlandie). Puis la guerre de Livonie (1558-1583) fut déclenchée parIvan IV le Terrible contre l’ordre de Livonie, alors affaibli à la fois par l’opposition des Allemands établis dans la région et par la Réforme introduite dans les années 1520. Les Danois, les Suédois et les Polonais s’y engagèrent et, en 1561, la guerre aboutit au démembrement de la Grande Livonie: l’Estlandie fut conquise par les Suédois et la Livonie passa sous la domination de la Pologne. L’ordre de Livonie disparut. Cependant, la Pologne accorda à son dernier maître, Gotthard Kettler, le titre de duc de Courlande et Zemgalie, régions passées sous suzeraineté polonaise.Les Russes furent repoussés et n’accédèrent pas à la Baltique. Mais en 1563, ils avancèrent sur Vilnius, provoquant l’union, à Lublin en 1569, de la Pologne et du grand-duché de Lituanie. Celui-ci conserva son gouvernement et son armée mais fut totalement soumis au roi de Pologne et à sa Diète. La langue lituanienne se maintint dans les campagnes, surtout en Samogitie, mais le polonais domina dans les villes et à l’université de Vilnius (Wilno en polonais), créée en 1579. Contrairement à ce qui s’était passé en Estlandie et en Livonie, la Contre-Réforme contribua à instaurer la religion catholique aux dépens du protestantisme.La guerre de Livonie, qui venait de mettre fin à la domination des chevaliers Teutoniques sur la Grande Livonie (les barons baltes allemands y restaient cependant influents), laissa ainsi la région aux mains de deux puissances, la Suède, détenant l’Estlandie, et la Pologne, dominant la Livonie et le grand-duché de Lituanie.Le roi de Pologne Sigismond III Vasa (1587-1632) tenta de conquérir l’Estlandie. Comme les Russes, il fut vaincu par les Suédois, qui le repoussèrent et prirent Tartu – alors ville livonienne (Dorpat en allemand) où ils fonderont une université en 1632 – puis Riga en 1622. Le traité d’Oliva, en 1662, confirma ces conquêtes, qui laissaient la Latgale et le duché de Courlande et de Zemgalie sous domination polonaise. La Suède réussit aussi à prendre Narva à la Russie et signa avec elle le traité de Kardis, en 1661.La guerre du Nord et la domination russeMais la guerre du Nord, opposant les Russes de Pierre le Grand et les Suédois, éclata en 1700 et mena à la victoire de la Russie sur la Livonie et l’Estlandie en 1710. Riga, Narva et Tallinn devinrent des villes russes. Par la signature du traité de paix de Nystad avec la Russie en 1721, la Suède mit fin à sa domination dans la région. Ainsi la Russie, qui devint un empire à compter de cette victoire, détenait-elle la province d’Estlandie (en russe, Tallinn était appelée Revel) et la Livonie (de Tartu jusqu’au sud de Riga).De son côté, la Pologne dominait toujours le grand-duché de Lituanie mais, encerclée à l’ouest par les Prussiens, au sud par les Autrichiens et à l’est par les Russes, elle céda. Le 5 août 1772 et le 23 janvier 1793, lors du premier et du deuxième partage de la Pologne, la Russie s’empara d’une partie du territoire du grand-duché de Lituanie et de la Latgale. En 1795, lors du troisième partage de la Pologne, la Russie s’octroya le duché de Courlande et Zemgalie ainsi que la totalité du grand-duché de Lituanie. Ce dernier devint une province russe, administrativement autonome jusqu’en 1831, date à laquelle une révolte polono-lituanienne, réprimée, mit un terme à ce statut et entraîna un an plus tard la fermeture de l’université de Vilnius (appelée Vilna en russe). L’influence polonaise sur le pays décrut au profit de sa russification.Les sociétés baltes subirent alors des modifications profondes dues à l’abolition du servage en Estlandie en 1816, en Livonie en 1819 et en 1861 dans le reste de l’Empire. Mais cela constituait une liberté toute relative: la famine et les privilèges des barons baltes provoquèrent des révoltes paysannes.Sur le plan culturel, la seconde moitié du XIXe siècle fut l’occasion pour les intellectuels baltes d’affirmer leur patriotisme. Jusqu’à ce moment, la vie plutôt rurale de ces pays et les dominations successives qu’ils avaient subies n’en avaient pas réellement permis le développement littéraire. Bien que les premiers écrits datent du XVIe siècle, l’estonien, le letton et le lituanien, utilisant toutes les trois l’alphabet latin, étaient essentiellement des langues orales. Il fallut attendre l’industrialisation du XIXe siècle et la formation de bourgeoisies locales pour que se développent, par exemple, des sociétés littéraires autochtones. En Estlandie, Kreutzwald (1803-1882) et son fameux Kalevipoeg , composé en 1862, tout comme la poétesse Lydia Koidula (1843-1886), marquèrent les esprits. En Lituanie, Jonas Basanavicius (1851-1927), père du réveil national, ou encore le poète Jonas Maironis (1862-1932) comptèrent parmi les plus célèbres. La presse nationale prit forme avec la création du Perno Postimees estonien en 1857, du Diena Lapa letton en 1873, de Auszra ou encore Varpas en Lituanie. En 1869, la première fête de la chanson fut organisée à Tartu, et en 1873 en Lettonie. Ces fêtes ont encore lieu régulièrement aujourd’hui. En Estonie et en Lettonie elles furent un moyen de mobiliser la population dans la marche vers l’indépendance de 1991 et on doit à cette période le nom de «révolution chantante». Les Daïnas, chansons populaires lettones créées au XIIe siècle, et les Daïnos lituaniennes, furent aussi un outil du réveil national.Mais parallèlement à la formation de la bourgeoisie autochtone, à la fin du siècle, Alexandre III fit remplacer l’allemand, langue de l’enseignement, par le russe dans les universités de Tartu et de Riga, interdit l’utilisation du polonais en Lituanie, l’usage des caractères latins dans les écoles et les imprimeries, et fit dissoudre les sociétés des écrivains.Face aux répressions, le XXe siècle débuta dans un contexte révolutionnaire qui atteignit même les campagnes. Des mouvements et des partis politiques tels le Parti démocratique, le Parti social-démocrate, les mouvements nationalistes en Lituanie, les mouvements «Jeunes lettons» ou encore «Jeune Estonie» se mobilisèrent, non seulement contre la Russie, mais aussi contre les privilèges des barons baltes. La révolution russe de 1905 aboutit à une nouvelle période d’agitation nationaliste, également réprimée. Mais la Première Guerre mondiale, l’occupation de la Lituanie par l’Allemagne en été 1915 et la révolution russe de 1917 modifièrent le cours des choses. Les pays Baltes, alors provinces de la Russie, furent un champ de bataille entre Allemands et Russes. En 1917, la Lituanie élit la Taryba, conseil exécutif qui, le 16 février 1918, proclame l’indépendance du pays. Unifiant l’Estlandie et le nord de la Livonie, le Comité de salut d’Estonie en fit autant le 24 février 1918. Mais la domination allemande se poursuivit, au terme du traité de Brest-Litovsk, signé le 3 mars 1918 entre l’Allemagne et la Russie soviétique, qui vida la région des troupes russes. Les velléités allemandes de créer une mare balticum furent entravées par l’armistice du 11 novembre 1918, qui prévoyait le retrait des Allemands de la région. Réunissant le sud de la Livonie, la Latgale, la Courlande et la Zemgalie, la Lettonie proclama son indépendance le 18 novembre 1918. Cependant, les Baltes durent encore se battre jusqu’à la fin de 1919 contre les Allemands et contre les bolcheviks. Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, dénonça le traité de Brest-Litovsk, mais ses signataires décidèrent de maintenir les troupes allemandes dans la région – l’Allemagne avait reconnu les indépendances – jusqu’à la disparition de la menace bolchevique. En 1920, la Russie soviétique signa un traité de paix avec l’Estonie, le 2 février (traité de Tartu), avec la Lituanie, le 12 juillet et avec la Lettonie le 11 août, à Riga. En octobre, la guerre polono-russe se solda par l’annexion de Vilnius par le général polonais Zeligowski. C’est alors que la capitale lituanienne fut transférée à Kaunas, deuxième ville du pays. Le 22 septembre 1921, les trois États furent admis à la Société des Nations.Trois républiques indépendantesSymbole de leur indépendance, les trois républiques créèrent leur monnaie et menèrent des réformes agraires, dès 1919 en Estonie, 1920 en Lettonie et 1922 en Lituanie, qui entraînèrent la fin du règne des barons baltes. Ceux-ci, pour la plupart, rentrèrent en Allemagne. Les Constitutions du 21 décembre 1920 en Estonie, du 15 février 1922 en Lettonie et du 21 août 1922 en Lituanie instaurèrent les régimes parlementaires dans les deux premières et présidentiel dans la dernière.Mais la vie politique balte fut instable, à l’image du contexte européen de la fin des années 1920. En Lituanie, Aleksandras Stulginskis, chrétien-démocrate et premier président de la République, fut remplacé par Kazys Grignius après les élections législatives de 1926, qui amenèrent les sociaux-démocrates, les paysans de gauche et les représentants des minorités à former un gouvernement de coalition. C’est alors qu’Antanas Smetona et Augustinas Voldemaras, à la suite d’un coup d’État mené le 17 décembre 1926 se firent élire, le premier chef de l’État, par le Parlement, et le second, chef d’un gouvernement de coalition nationaliste, malgré la présence – temporaire – des chrétiens-démocrates. Mis en minorité, Voldemaras dissout le Parlement (Seimas ) le 12 avril 1927, avant d’instaurer, en mai 1928, une nouvelle Constitution renforçant les pouvoirs de l’exécutif. Devenu impopulaire, il fut finalement renversé en septembre 1929. Antanas Smetona conserva un pouvoir autoritaire jusqu’en 1940, malgré les élections législatives de juin 1936 et l’adoption d’une nouvelle Constitution le 12 février 1938.En Lettonie, le Parti socialiste, l’Union des paysans et les partis de Latgale, principales formations au Parlement (Saeima ), résistèrent pendant les premières années aux tentatives d’instauration d’un pouvoir autoritaire. Mais l’instabilité politique qu’ils ne surent pas éviter aboutit, le 15 mai 1934, à un coup d’État de Karlis Ulmanis, qui se proclama Vaidonis (guide, en letton). Il suspendit la Constitution, remplaça les élus locaux et procéda à la dissolution des partis politiques et à des arrestations d’hommes politiques de gauche.En Estonie, en 1919, les sociaux-démocrates, les travaillistes et les démocrates dominaient le Parlement (Riigikogu ). Konstantin Päts fut le premier Premier ministre de la République; il n’y avait pas alors de président. Le 21 décembre 1920, une Constitution de type démocratique fut adoptée. Mais la multiplication des remaniements ministériels, la dissolution du Parti communiste et la crise économique de 1929 radicalisèrent la vie politique. Prétextant alors être encerclé par les menaces communiste et fasciste, le président Konstantin Päts proclama «l’état de défense» en mars 1934 et déclara son parti, l’Union Pro Patria, parti unique. En septembre 1937, une nouvelle Constitution autoritaire acheva d’enterrer le régime démocratique mis en place en 1920.Parallèlement, la position des pays Baltes sur la scène internationale se compliqua. Pendant la première période de leur indépendance, l’Estonie et la Lettonie avaient conclu entre elles une alliance militaire signée en 1921, complétée en 1923, et un traité d’entente régionale avec la Pologne et la Finlande (17 mars 1922), et refusèrent les traités de neutralité que leur proposa l’U.R.S.S. Celle-ci s’opposait alors à la Pologne, qu’elle accusait de vouloir contrôler la région balte. De son côté, la Lituanie, qui était en conflit avec la Pologne au sujet de Vilnius, annexa Memel (Klaipéda en lituanien) en 1923 et se détourna du traité d’entente régionale pour signer le 28 septembre 1926, un traité de neutralité et d’amitié avec l’U.R.S.S., qui s’était déclarée favorable à la rétrocession de Vilnius à la Lituanie. Mais, dès 1932, au vu de la menace allemande grandissante, la Lettonie et l’Estonie signèrent, le 4 février et le 5 mai un traité de non-agression avec l’U.R.S.S., comme venaient de le faire la Finlande et la Pologne. Puis, le 12 septembre 1934, la Lituanie accepta de rejoindre l’Estonie et la Lettonie, toutes deux signataires d’un traité renforçant leur alliance de 1923, pour créer «l’Entente balte». En novembre 1938, les trois États s’engagèrent dans une politique de neutralité.La Seconde Guerre mondiale et l’annexion par l’U.R.S.S.En 1939 se décida le destin des pays Baltes pour un demi-siècle. L’Allemagne réoccupa Klaipéda en mars 1939 et, poursuivant sa progression vers l’Est, imposa un traité de non-agression à la Lituanie. L’Estonie et la Lettonie y furent également contraintes en juin. Le sort des trois États baltes, enclavés géographiquement mais aussi politiquement entre Allemagne et Russie, fut ainsi déterminé par un accord germano-soviétique (pacte Molotov-Ribbentrop). Selon les termes de cet accord et de ses protocoles secrets signés le 23 août 1939, l’Estonie et la Lettonie devaient faire partie de la sphère d’influence soviétique, tandis que la Lituanie devait tomber sous l’influence allemande. Puis, au vu de l’avancée soviétique en Pologne – et à Wilno – en septembre 1939, un autre protocole secret fut ajouté au pacte le 28 septembre, par lequel l’Allemagne renonçait à la Lituanie et à Wilno en échange de Varsovie et de Lublin.Ainsi le 10 octobre, l’U.R.S.S., qui occupait Wilno, la rétrocéda-t-elle administrativement à la Lituanie contre la signature d’un accord d’assistance mutuelle, qui, de fait, légitima la présence russe sur le territoire lituanien. Vilnius retrouva son statut de capitale lituanienne. Prétextant avoir été trahie par les traités de non-agression qu’elles avaient signés avec l’Allemagne nazie, l’U.R.S.S. obtint également de l’Estonie, le 28 septembre 1939 et de la Lettonie, le 5 octobre, la signature de traités d’assistance mutuelle. L’Allemagne étant entrée à Klaipéda, l’U.R.S.S. n’eut aucun mal à les convaincre de l’utilité d’installer des bases militaires à Paldiski (à l’ouest de Tallinn), et sur les îles estoniennes de Saaremaa et de Hiiumaa et dans les ports lettons de la baie de Riga, de Ventspils et de Liepaja. C’est ainsi que la Russie réussit à former, au-delà de ses frontières, un front face à la Wehrmacht. L’occupation existait de fait; l’annexion allait suivre.À la mi-juin de 1940, Moscou lança un ultimatum à chacun des trois gouvernements nationalistes baltes, leur imposant de démissionner. Des élections législatives furent organisées par l’occupant en juillet, avant que chacun des trois Parlements nouvellement élus proclame son pays République socialiste soviétique de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie, intégrées à l’U.R.S.S. respectivement le 3, le 5 et le 6 août 1940. Les populations des trois pays subirent alors les déportations orchestrées par le régime soviétique, jusqu’à ce qu’il en soit chassé en juin 1941 après le déclenchement de la guerre germano-soviétique. L’Allemagne nazie avait pour objectif de neutraliser la flotte soviétique de la Baltique.Des divisions estoniennes et lettones de la Waffen SS furent formées par le Reich. De gré ou de force, des Baltes y furent intégrés en 1944. Des camps de concentration furent ouverts à Klooga, en Estonie, à Rambula, en Lettonie et à Paneiraï, en Lituanie. Les populations furent à nouveau victimes des déportations et des hommes politiques et des hauts responsables de l’administration furent exécutés. Parallèlement, la résistance s’organisa grâce aux «Frères de la forêt», un réseau clandestin qui se cachait de l’ennemi dans les forêts lorsque l’Armée rouge entra à nouveau sur les territoires baltes (à l’exclusion de Memel-Klaipéda), en été 1944. Cette fois, l’U.R.S.S. y restera jusqu’en 1991.Malgré l’armistice du 8 mai 1945 qui mit fin à la Seconde Guerre mondiale, les combats se poursuivirent dans les pays Baltes entre les Soviétiques et les «Frères de la Forêt», qui tentèrent tant bien que mal de résister aux nouvelles déportations, tant que les paysans résistèrent à la collectivisation des terres, devenue effective en 1949-1950. Perdant leur soutien, les réseaux clandestins de résistance à l’occupant disparurent au milieu des années 1950.En janvier 1945, l’U.R.S.S. modifia la frontière orientale de l’Estonie (qui perdit la rive orientale de la Narva au nord-est et la région de Petseri au sud-est) et de la Lettonie (qui fut amputée de la région d’Abrene au nord-est) au profit de la république fédérée de Russie. Ces territoires faisaient encore, en 1997, l’objet d’un différend entre chacun des deux États et la Russie. En revanche, la Lituanie récupéra Klaipéda que l’U.R.S.S. avait reprise aux Allemands.Le russe devint langue officielle, l’enseignement fut adapté aux exigences soviétiques et, très vite, Moscou fit venir des citoyens soviétiques, surtout de Russie, auxquels elle proposa des postes dans les instances du Parti communiste, dans l’administration et dans l’industrie, en conséquence essentiellement dans les villes. La population de Tallinn devint majoritairement russe. Le secteur agricole attira peu de russophones – hormis les minorités russes installées depuis des siècles, par exemple sur les rives du lac Peipsi. La vie politique et culturelle dépendait totalement du Parti communiste, auquel la Constitution soviétique conférait un rôle dirigeant. Des milliers de résidents des trois pays, d’origine estonienne, lettone, lituanienne ou russe furent déportés; d’autres s’exilèrent. Ce n’est qu’après la mort de Staline, en 1953, et la dénonciation de ses actes criminels par Khrouchtchev, en 1956, que la répression devint moins sévère. Mais cet assouplissement de la politique soviétique ne fut que relatif.Épaulés par les Baltes en exil aux États-Unis, en Suède, en Australie, etc., et saisissant, malgré la répression, les occasions de mobiliser l’opinion internationale, notamment en 1975 lors de la signature de l’acte final d’Helsinki, les intellectuels baltes reprirent peu à peu en main le destin de leurs pays. La mort de Leonid Brejnev en 1982, suivie de trois années de flottement au Kremlin (Andropov, Tchernenko) et de l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, qui instaura la perestroïka, favorisa l’expression d’un certain nationalisme.En 1987, les premières grandes manifestations publiques à caractère religieux et politique furent l’occasion pour les Baltes de dénoncer les déportations et d’arborer leurs symboles nationaux. En septembre de la même année, le projet d’une économie autonome en Estonie fut soumis à Moscou. Après quelques modifications, il fut adopté et appliqué aux trois pays dès janvier 1990.En 1988, les Baltes se battaient politiquement sur tous les fronts. Les hymnes et les drapeaux nationaux furent restaurés officiellement. Des mouvements politiques de l’entre-deux-guerres revirent le jour. D’autres naquirent, tels les Fronts populaires estonien Rahvarinne (fondé en avril 1988) et letton Latvijastautasfronte (juin 1988) et leur homologue lituanien, le Sajudis (juin 1988). Ces mouvements affirmaient être un appui à la perestroïka. Ils regroupaient en effet des autonomistes, des indépendantistes, d’anciens communistes et des nationalistes, voire des ultranationalistes, qui s’étaient alliés pour s’opposer au pouvoir soviétique mais se séparèrent ensuite du fait de leurs divergences politiques.Dans leur grande majorité, les résidents russophones – et polonais en Lituanie – ne s’opposèrent pas à ces mouvements. Cependant, certains refusèrent de se séparer du centre soviétique; ils créèrent, en juillet 1988, dans chacun des trois pays, un mouvement internationaliste se déclarant être le parti de la population ouvrière russe et se mobilisèrent contre l’indépendance.Ils ne modifièrent toutefois pas le cours des choses: le 16 novembre 1988, le Soviet suprême estonien vota la souveraineté du pays. L’estonien redevint langue officielle le 18 janvier 1989, le lituanien le 16 mars et le letton le 5 mai. La Lituanie proclama sa souveraineté le 18 mai et la Lettonie le fit le 28 juillet.Les décisions des Soviets suprêmes baltes ne pouvaient qu’encourager les populations. Le 23 août 1989, elles formèrent une chaîne humaine de Tallinn à Vilnius, en passant par Riga, pour dénoncer une fois de plus le pacte germano-soviétique de 1939 et pour symboliser la détermination des Baltes à lutter ensemble contre leur occupant. Le 7 décembre 1989, le Soviet suprême de Lituanie abrogea l’article 6 de la Constitution lituanienne relatif au rôle dirigeant du Parti communiste et instaura de fait le principe de multipartisme. Craignant d’être évincé de la nouvelle scène politique, le Parti communiste lituanien se proclama indépendant du P.C.U.S. le 20 décembre 1989 et fut suivi par les Partis communistes estonien, le 25 mars, et letton, le 7 avril 1990.L’année 1990 s’avéra plus difficile. Bon gré, mal gré, Gorbatchev avait jusqu’à présent tout accepté. Mais les pays Baltes avaient tant avancé dans leur démarche indépendantiste qu’ils finirent par en demander trop aux yeux du centre soviétique, qui renforça son opposition. Pourtant, même si tous n’y croyaient pas, la volonté d’indépendance était générale dans les trois pays. En Estonie et en Lettonie, des nationalistes réussirent à faire élire des Congrès des citoyens par les citoyens nés avant 1940 et leurs descendants dans le but de les substituer aux Soviet suprêmes. Ils firent pression pour que soient adoptés des lois radicales sur la citoyenneté et le principe de la restauration des indépendances de l’entre-deux-guerres. Leur influence fut cependant relative: la dualité camérale était une source d’instabilité, et l’instauration du multipartisme renforça finalement, lors des élections de mars 1990, la crédibilité des Soviets suprêmes rebaptisés Conseils suprêmes. Les résultats de ces premières élections multipartistes confirmèrent la légitimité des Fronts populaires, du Sajudis et d’autres mouvements démocratiques et rendirent les choses irréversibles. Le 11 mars 1990, Vytautas Landsbergis, président du Sajudis, fut élu président du Conseil suprême et déclara l’indépendance de la République de Lituanie. Après que le Congrès des députés du peuple de l’U.R.S.S. eut voté l’illégalité de cette déclaration, Moscou usa de la dépendance économique de la Lituanie et lui imposa, le 18 avril, un blocus économique. Les approvisionnements en gaz et en pétrole furent suspendus et l’économie lituanienne fut désorganisée pendant plusieurs semaines. De son côté, déterminée mais prudente, l’Estonie s’engagea le 30 mars dans une période de transition vers l’indépendance. La Lettonie fit la même démarche le 4 mai.Décidant de s’unir dans leur lutte contre le centre soviétique, les trois pays restaurèrent, le 12 mai, l’Entente balte, qu’ils avaient signée en 1934. Mais dans son entreprise de déstabilisation, Moscou mettait un point d’honneur à traiter séparément avec les trois pays.Pour l’U.R.S.S., accepter l’indépendance des États Baltes impliquait l’abandon des bases militaires stratégiques qu’elle y avait installées et, en conséquence, une réduction de son accès à la mer Baltique, à la région de Saint-Pétersbourg et à l’enclave de Kaliningrad via la Lituanie. Cela constituait aussi un précédent, alors que des menaces d’implosion se faisaient sentir dans d’autres régions de l’Union.Or la fin de la guerre froide et les nouvelles relations de l’U.R.S.S. avec les puissances occidentales rendaient ces dernières prudentes sur la question balte. Au début de 1991, la guerre du Golfe était la principale préoccupation des Occidentaux; les Baltes ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Les interventions meurtrières des Omon, forces spéciales du ministère de l’Intérieur de l’U.R.S.S., le 13 janvier à Vilnius et le 20 janvier à Riga, remobilisèrent la population. Le 9 février 1991, 90,4 p. 100 des votants de Lituanie, le 3 mars 77 p. 100 des votants de Lettonie et 77,8 p 100 des votants d’Estonie – qu’ils soient baltes, russes ou d’une autre nationalité, tous avaient massivement participé – se prononcèrent par référendum en faveur de l’indépendance. Politiquement, les États baltes étaient prêts à assumer celle-ci. Mais tant que Moscou s’y opposait, les menaces et le risque économique étaient trop grands. Or Mikhaïl Gorbatchev restait intraitable.Ce fut le coup d’État du 19 août 1991, à Moscou, qui permit à l’Estonie et à la Lettonie de restaurer leur indépendance, respectivement le 20 et le 21 août 1991, et ainsi de retrouver leurs territoires, leurs structures étatiques et leurs citoyens. La Lituanie avait de son côté déclaré son indépendance le 11 mars 1990. Contrairement à l’Estonie et à la Lettonie, restaurer l’État lituanien de l’entre-deux-guerres ne représentait pas le même intérêt puisque son territoire était alors amputé de Vilnius. Le 6 septembre 1991, l’U.R.S.S. reconnut les indépendances, avant de disparaître en décembre. Les 10 et 17 septembre, les trois pays furent admis à la C.S.C.E. et à l’O.N.U.
Encyclopédie Universelle. 2012.